• Jijé dans les comics 1949-1950

    Jijé dans les comics 1949-1950Inquiet de l’avancée du communisme en Europe et du risque nucléaire, Joseph Gillain, dit Jijé, décide de quitter le Vieux Continent avec femme et enfants et de gagner les États-Unis. Il emmène avec lui Franquin et Morris. Le petit groupe embarque le 3 août 1948 sur le "Nieuw Amsterdam" de la Holland-Amerika Lijn qui fait la traversée Rotterdam - New York. Le bateau transporte 1230 passagers, dont la plupart sont des émigrants cherchant à faire fortune dans le Nouveau Monde.

    Le bateau accoste à New York le 10 août 1948. Joseph Gillain doit calmer son impatience avant de pouvoir se rendre à Los Angeles, car son permis de conduire n'est pas valable aux États-Unis. La tribu reste donc deux semaines à New York avant que Joseph ne puisse avoir un permis de conduire américain. Une fois le permis obtenu, Joseph achète une Ford Hudson d'occasion qui transportera les quatre adultes et les quatre enfants de la côte est à la côte ouest.

    Une fois arrivé à Los Angeles, le 2 septembre 1948, le trio de dessinateurs est tout étonné d'apprendre que le centre de la bande dessinée est à New York et non pas en Californie comme Joseph le pensait erronément. Étant donné que le groupe est rentré aux États-Unis avec un visa touristique de trois mois, les Gillain gagnent le Mexique. Ils passent la frontière et s'installent à Tijuana pour trois mois, tandis que Franquin et Morris sont contraints d’attendre l'expiration de leur visa, à San Diego, pour pouvoir les rejoindre. Le 17 décembre 1948, la bande au complet repasse la frontière à San Ysidro et traverse l'Arizona, le Nouveau-Mexique et le Texas, pour finalement arriver à Laredo le jour de Noël.

    Jijé dans les comics 1949-1950Durant ce périple, Joseph s’imprègne des beautés naturelles de la région, où, plus tard, il situera plusieurs histoires de Jerry Spring. Le lendemain de Noël, après avoir laissé la vieille Hudson sur le territoire américain, le groupe reprend le train pour Mexico. Franquin et Morris vont s'y installer, tandis que les Gillain loueront une maison à Cuernavaca dans la grande banlieue au sud de la capitale. Ils y logeront un peu plus de six mois. À la fin de ce séjour mexicain, en juillet 1949, les Gillain reçoivent finalement un permis de séjour pour les États-Unis.

    André Franquin décide de rentrer en Belgique, tandis que Morris accompagne les Gillain qui s'installeront à Wilton dans le Connecticut, à une heure de route de New York. C'est durant ce séjour sur la côte Est des États-Unis que Joseph Gillain fait la connaissance de René Goscinny (1926-1977), à qui il présente Morris, lequel lui proposera plus tard de scénariser ses Lucky Luke.

    À l'expiration de leur permis de séjour, les Gillain, faute d'avoir un travail local aux États-Unis, doivent rentrer en Belgique. Ils rentreront, fin juillet 1950, avec le "Stratheden" de la Cunard Line qui fait le voyage New York – Southampton.

    Durant tout ce périple américain, Joseph aura dessiné presque l'intégralité de Baden Powell (parue dans Spirou du 21 octobre 1948 au 22 juin 1950) ainsi que la deuxième version de Don Bosco (publiée dans Le Moustique du 13 novembre 1949 au 26 novembre 1950). Il aura également dessiné une courte histoire de Spirou pour dépanner Franquin en mal d'inspiration ("Comme une Mouche au plafond", parue dans Spirou du 21 avril au 21 juillet 1949).

    Le trio de dessinateurs envoyait, par la poste, leurs planches hebdomadaires aux éditions Dupuis en Belgique, lesquelles en retour leur envoyaient de l'argent par chèque ou mandat au gré de leurs pérégrinations. La vie n'était pas toujours facile, surtout avec de jeunes enfants.

    Et là commence les interrogations quant à la réalisation par Jijé de planches inconnues et jamais vues en France ou en Belgique qu'il aurait réalisé pour le marché des comics américains de l'époque...

    Quoi de plus naturel à la fois pour arrondir les fins de mois et de s'essayer à de nouveaux défis artistiques et, peut-être, tester les thèmes à venir des séries qui feront la renommée de Jijé dans le journal de Spirou des années 1950 avec Jerry Spring et Valhardi, que de proposer sa contribution aux éditeurs de comics toujours en recherche de contenus ?

    On vit surgir en janvier 2011 sur le site Bd Zoom la nouvelle exceptionnelle.

    Un récit inconnu de Jijé identifié et retrouvé dans un love comics américain de 1950.

    Jijé dans les comics 1949-1950

    Il n'y a pratiquement aucune information sur ces planches où sur le nombre de participation de Jijé aux comics américain. Une seule et unique fois a t-on pu lire succinctement dans une interview de Jijé qu'il avait livré quelques petites réalisations pendant son séjour aux États-Unis, et puis c'est tout...

    Ces pages retrouvées de Jijé sont donc exceptionnelles et ressurgissent du néant et de l'oubli auxquelles elles étaient condamnées. Est-il possible que quelques autres récits existent, réalisés probablement sur une période de guère plus de 12 mois, de juillet 1949 à juillet 1950. Combien ?

    Un éminent connaisseur de Jijé m'indique qu'il n'en existe pas d'autre(s). Une consultation de plusieurs centaines de comics de cette époque n'a révélé aucun autre récit.

    Mais qui sait ? Si un jour d'autres sont exhumés et mis en lumière, réunis avec le seul actuel disponible à la lecture, voilà peut-être de quoi faire un album exceptionnel des planches "incunables" de Jijé...

     

    Jijé dans les comics 1949-1950

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