• Jean-Claude Forest, JCF

    Jean-Claude Forest est un auteur charnière entre la BD des années 1950-1960 destinée a priori à un lectorat jeune, et la BD dite "adulte" dont il fut un protagoniste et un acteur de premier plan.

    Auteur protéiforme, Jean-Claude Forest fait partie des artistes ayant fait muter la bande dessinée classique francophone, celle donc destinée en priorité aux enfants, vers la bande dessinée dite "adulte".

    Aux côtés de Druillet, Giraud, Brétecher, Mandryka, Jean-Claude Forest prit une place essentielle dans la l'évolution de la bande dessinée et y apporta un univers à la fois fantastique et sensuel unique en son genre.

    La place de JCF n'est par contre pas toujours identifiée à sa juste mesure. Sans série au long cours, avec parfois une certaine inconstance liée à une santé fragile l'ayant écarté d'un "labeur" quelquefois requis, écrasé aussi par le phénomène Barbarella qui lui échappa pour beaucoup à maints égards, le parcours de Jean-Claude Forest reste néanmoins riche et extrêmement attachant, même si difficile à cerner pour les raisons précédentes.

    La présentation ici de l'auteur, et l'identification de nombre d'inédits, doit beaucoup à l'ouvrage exceptionnel, en particulier pour son iconographie, "L'art de Jean-Claude Forest" :

    Le Copirit, par Forest

     

    Zoom sur les débuts de Forest, années 1950.

    Les créations de Jean-Claude Forest s'adressent alors essentiellement à la jeunesse, seule destination à cette époque de la bande dessinée, par ailleurs assez strictement surveillée en France depuis la loi de 1949 sur la protection de la jeunesse à travers ses lectures.

    Il collabore notamment au journal Vaillant avec deux séries : "Pour la Horde" et "Le Copyright", rebaptisé assez vite "Le Copirit", et aux éditions Offenstadt en réalisant de très nombreux fascicules des aventures de Charlot (SPE).

    On citera également une bande assez rare, "Teddy et le whisky fatal", en trois planches parues en janvier 1953 dans "Express Illustré", et au style humoristique symptomatique de ces années là.

    Le Copirit, par Forest

     

    Charlot

    Jean-Claude Forest, JCFEntre 1955 et 1961, Forest anime le personnage de Charlot en bandes dessinées. La bibliographie est présentée dans ce blog à la section Wanted : cliquez ICI...

    La reprise de ces fascicules en une intégrale serait du meilleur effet et remettrait accessible ces histoires agréables où tout l'univers fantasmatique de Forest se dévoilait dans son style humoristique de ces années.

    Cet album intégral pourrait se compléter d'un ultime retour de l'auteur, bien des années plus tard, 25 très exactement, sur ce personnage.

    Pour un portfolio reprenant deux textes de Max Jacob sur Charlie Chaplin, Forest livre quatre illustrations avec le personnage...

    Jean-Claude Forest, JCF

     

     

     

     

     

     

    Élucubration, livre Portfolio sur Max Jacob
    Éditions Baby Lone, 1986
    4 sérigraphies couleurs 30x40cm
    Tirage unique à 100 exemplaires (+ 26 hors-commerce)
    N° & signés par Forest

     

    Le Copirit

    Le Copirit est caractéristique des premières BD selon Forest : des aspirations créatives et graphiques communes à toute autre forme d'art ou d'expression (peinture, illustration, cinéma, photographie...) mais à travers un support, la bande dessinée, fortement déconsidérée dans les années 1950, cantonnée, au mieux, à la jeunesse, et avec des contraintes légales et éditoriales fortes. Ce contexte marqua les débuts de Forest et les tensions ainsi générées se retrouvent dans la création du Copirit...

    Le Copirit présente aussi pour moi un attrait vraiment particulier. Présenté par les exégètes de la bande dessinée comme une série symptomatique et pivot dans l'histoire de la bande dessinée, elle ne fut jamais rendue accessible à travers un album, seuls les détenteurs ou les lecteurs des numéros du journal de Vaillant entre 1952 et 1953 pouvaient en prendre connaissance.

    Ainsi, tout le monde dans la sphère des bédéistes entendait parler du Copirit, mais jamais on ne pouvait le lire !

    Le Copirit, par Forest

    Commencé dans Vaillant sous le titre Le Copyright, ce personnage sera poursuivi, après 9 premières planches, sous le nom de Copirit. Peut-être que le titre fut jugé trop "américain" pour un journal lié au parti communiste français de l'après-guerre. Ce faisant, en se francisant et en adoptant une lecture phonétique, le titre semble rejoindre l'esprit non-sensique et l'humour loufoque de la série. Deux caractéristiques inhabituelles pour l'époque et fruit de cette tension entre les ambitions créatrices de Forest et les contraintes de publication.

    Le Copirit, personnage fabuleux - de son ventre surgit par une fermeture éclair toutes sortes d'objets - vit des aventures entièrement délirantes. Mais le scénario n'est pas apprécié par une partie de la rédaction de Vaillant. Aussi, après 23 planches publiées, la série s'arrête. Ce fut là la dernière bande dessinée de Forest publiée dans Vaillant et du Copirit.

    Et pourtant, ne trouvez-vous pas un regard de ressemblance entre le personnage et son créateur ?

    Le Copirit, par Forest

    Les 9 premières planches du Copirit (à ce moment là intitulé Le Copyright) comportent 4 bandeaux sur une page entière.

    Une planche des 9 premières pages
    Le Copirit, par Forest

    A l'issue de ce premier tour en 9 planches, en noir et blanc, du n°388 (19 octobre 1952) au n°396 (14 décembre 1952), tout en changeant de nom (Copyrit, puis Copirit), le format passe à la demi-planche jusqu'à son arrêt. On dénombre alors 14 demi-planches en noir et blanc ou couleurs du n°397 (21 décembre 1952) au n°410 (22 mars 1953). Le Copirit a disparu brusquement le 22 mars 1953... 

    Une demi-planche originale des 14 pages suivantes du CopiritLe Copirit, par Forest

    Désormais, l'accès aux planches grâce à la numérisation et internet permet de disposer de quoi réaliser le premier album de tous les temps du Copirit...

    Pour accéder à une présentation de l'album, Cliquez ici...

     

    Le Copirit, par Forest

     

    Les illustrations de science-fiction

    (en cours)

     

    Les années matures : 1967-1992

    A l'aube des années 1970, auréolé du succès de Barbarella, le chemin de Jean-Claude Forest fut parcouru d'essais avortés, de projets rejetés, de publications interrompues, d'hésitations créatrices, de versions remaniées en raison de changements de supports de parution et d'insatisfaction récurrente.

    Au delà donc de ses personnages les plus connus que sont Barbarella et Hypocrite ou de sa collaboration fructueuse au magazine (A suivre) fin des années 1970 et années 1980, de-ci de-là, Jean-Claude Forest a émaillé son parcours de courts récits, planches inédites ou perdues, versions interrompues, illustrations, dessins, participations à l'émission télévisée Tac au tac.

    C'est ce parcours qui reste de bout en bout cohérent même si multiforme et parsemé d'aléas que j'ai retracé, à l'aide d'un passionné trop modeste de JCF et de son œuvre. Ce parcours nous mène à travers un album de plus de 200 pages retraçant les années 1967 à 1992 et intitulé alors fort justement :

    "Bout à bout et ainsi de suite"

    Le Copirit, par Forest

    Jean-Claude Forest, JCF

     

    Pour une présentation plus complète de l'album, cliquez ICI...