A partir du milieu des années 1970, Jean-Michel Charlier entame une collaboration de scénariste-documentariste pour la télévision française qui l'amènera de la troisième chaîne (FR3) à la première (TF1). Sans abandonner pour autant la bande dessinée, cette activité télévisuelle va être à l'origine d'un récit d'aventure singulier et la réunion des deux formes.
En 1979, dans Spirou, Jean-Michel Charlier adapte le scénario de son feuilleton télévisé « Les diamants du président », en le rebaptisant « Michel Brazier ». Le scénariste désirait depuis quelques temps collaborer avec André Chéret et ce fut l’occasion. André Chéret : « Charlier m'a contacté pour me proposer tout un tas de séries qu'il avait en projet, il a toujours beaucoup de projets. Nous nous sommes mis d'accord sur "Michel Brazier" qui est aussi le héros d'une série télévisée ». Les deux hommes s'accordent donc sur cette histoire de baroudeur, ancien mercenaire impliqué dans un trafic de diamants en Afrique du Sud et baladé d’un pays à l’autre. Cette idée que Charlier avait eue dès le milieu des années 1960, va devenir le téléfilm « Les diamants du président ». Six épisodes de cinquante-deux minutes réalisés par Claude Boissol, écrits en collaboration avec Pierre Nivollet et diffusés, dès 1977 (premier épisode le 4 novembre), sur Antenne 2, avec Michel Constantin dans le rôle principal.
Jean-Michel Charlier : « Lorsque j'ai écrit « Les diamants du président » pour la télé, j'ai écrit une histoire classique, mais le héros l'était moins et le cadre des mines de diamants d'Afrique du Sud me permettait de le faire évoluer loin des sentiers rebattus par les scénarios habituels.»
La série télévisée devait, en principe, sortir en même temps que la version bande dessinée commandée par Télé Star. Ce magazine de télévision, alors en perte de vitesse, comptait sur la bande dessinée pour regagner des lecteurs. Les responsables de la rédaction, incompétents en la matière, demandèrent aux auteurs d’en tirer un récit en vingt ou trente planches seulement, alors que le feuilleton durait pratiquement six heures. Comme ils ne voulaient en fait qu’un condensé, les rédacteurs de Télé Star finissent par refuser cette bande dessinée dont le premier épisode risquait de s’étaler sur plus de six mois et qu’ils jugeaient, finalement, assez violente. Un autre support de publication doit être trouvé.
Jean-Michel Charlier se tourne alors vers les éditeurs allemands de Super As (Super As fut une version française lancée en 1979 qui ne dura que deux ans du magazine de BD allemand très populaire Zack). Mais il pense aussi à Spirou, la revue qui l’a toujours publié depuis ses débuts. Cette dernière, finalement, est une nouvelle fois ravie de l’accueillir. Les quarante-six planches du premier épisode de « Michel Brazier » y sont publiées et le récit fait la couverture annonce du numéro 2142.
Est-ce Charlier très occupé par ses travaux télévisuels qui ne lui permettent pas une régularité pour la fourniture des scénarios ? Est-ce Chéret très sollicité pour réaliser les planches de son personnage vedette « Rahan » ? Dans tous les cas les auteurs ne poursuivent pas leur collaboration. La série restera inachevée, sans que les lecteurs puissent en connaître la suite : ce qui explique que jamais les éditions Dupuis n’ont réuni les pages existantes en album…
Une longue attente de 36 ans commence alors. C’est en 2015 que les éditions Fordis annoncent et publient ce premier récit. Interviewé, Chéret répondait « Je vais continuer à dessiner une histoire créée par le scénariste Jean-Michel Charlier. Ça s’appelle "Michel Brazier" et c’était paru dans Spirou en 1979. J’avais dessiné déjà quarante-six pages et son fils, Philippe Charlier, désire continuer l’œuvre de son père. La suite de l’histoire présentera quatre albums au total et le premier sortira fin 2015 aux éditions « Fordis Books and Pictures ».
Pour le premier album tant attendu, André Chéret prend le parti de redessiner entièrement toutes les planches, et il ne dessinera pas les albums suivants. La première version originale parue dans Spirou était donc toujours inédite en album. Pour celle-ci la dernière bande de la première planche fut enlevée afin de répondre aux exigences éditoriales de l'époque pour la couverture du magazine Spirou (voir supra).
Est réunie en album la version d'origine de « Michel Brazier » avec le dernier bandeau de la première planche, le fameux bandeau jamais paru dans le journal de Spirou. C'est grâce à un contributeur bédéphile et amateur éclairé de Charlier, qui avait photographié lors d'une exposition des planches originales de Chéret, que le bandeau amputé de la première planche peut désormais retrouver sa place.
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