Le docteur Gaudéamus a été créé par le dessinateur espagnol Coq (1907-2001) sur un scénario de Marcel Dassault, chef d'entreprise, avionneur et industriel. Sa publication commence en 1956 dans Jours de France, magazine hebdomadaire de l'actualité « heureuse », dont le propriétaire n’est autre que le même Marcel Dassault. Ce dernier a probablement trouvé le nom du personnage en se souvenant de ses années estudiantines à Sup-aéro.
En effet, « Gaudeamus igitur » est un chant du folklore étudiant, signifiant en latin « Réjouissons-nous ». Il s’agit alors de réjouir les lecteurs de Jours de France avec une bande dessinée facile à lire puisque le style de Coq est très proche du dessin d’humour et que l’argument des histoires est amusant : un docteur réussit à mettre au point un sérum de rajeunissement lui permettant de redevenir un bébé tout en conservant son cerveau d’adulte. Il est accompagné d’une ravissante jeune femme, Pépita, qui deviendra son épouse ou sa nounou, suivant son âge.
Au bout de quelques années la série tourne en rond et René Goscinny est sollicité pour reprendre le scénario. Ce dernier dont la renommée commençait à croître, avait été sollicité par les responsables du magazine pour y participer. Et cette décision avait été prise lors d’une réunion au cours de laquelle Marcel Dassault lui avait demandé ce qu’il pensait de cette bande dessinée. Goscinny témoigne : « Je lui ai répondu que le dessin n’est pas mal, mais en scénario, ce n’est ni fait ni à faire, c’est très mauvais. Tout le monde a pâli, et Dassault m’a dit : c’est moi qui l’écrit ». Mais beau joueur l'industriel et patron de presse lui propose de prendre en main la suite des aventures du docteur.
D’emblée les dialogues sont brillants et Coq et Goscinny mêlent humour et fantastique. Le docteur Gaudéamus est un savant qui, ayant mis au point l’élixir de jouvence, se l’administre à des doses d’une telle force qu’il retombe en enfance. Seule Pépita, sa brune épouse, connaît le secret de son mari, qui garde intact son esprit dans un corps de nourrisson. Jouant sur les ambiguïtés de la situation, mêlant intrigue policière et humour, Goscinny multiplie les quiproquos et tire le meilleur parti du dessin de Coq, qui s’y entend pour dessiner de fort jolies femmes…
Sous le titre « La merveilleuse aventure du docteur Gaudéamus », Goscinny écrira 334 planches du n°315 (25/11/1960) planche numérotée 234 au n°648 (08/04/1967) planche numérotée 567. Les aventures s'enchainent sans interruption et sans que les débuts ou les fins de chaque arc narratif soient marqués de manière très nette. L'aventure s'achève donc avec la planche 567 qui se conclut avec le mot "Fin", pour laisser la place à un autre personnage du même duo Coq-Goscinny, la fée Aveline. Pendant 105 semaines la fée Aveline réjouit les lecteurs.
Mais la fée Aveline rejoint son pays fantastique et Goscinny lui quitte le magazine pour toutes ses occupations grandissantes avec le succès de Pilote et Astérix. Dans Jours de France c'est le docteur Gaudéamus qui reprend du service avec le même dessinateur, mais Marcel Dassault au scénario à nouveau. Ce retour est intitulé "Les nouvelles aventures du docteur Gaudéamus" et la numérotation des planches repart à zéro.
Et, mêmes causes mêmes effets (?), Goscinny sera convaincu de revenir au scénario à partir de la planche 71 en octobre 1970. Cette reprise en mains sera de courte durée, pour 40 planches seulement. Et Goscinny ne reviendra plus jamais dans Jours de France. Coq lui continuera de dessiner le personnage jusqu'à son arrêt définitif en 1973.
Voici le détail des aventures du docteur Gaudéamus scénarisées par René Goscinny :
Titres |
Jours de France |
Dates |
Planches |
Première série 334 planches |
|||
Le Grand Cirque Gaudéamus |
315 à 329 |
Du 26/11/1960 au 04/03/1961 |
234 à 248 (15 pl.) |
Les Gangsters |
330 à 346 |
Du 11/03/1961 au 01/07/1961 |
249 à 265 (17 pl.) |
Le Salon de beauté |
347 à 361 |
Du 08/07/1961 au 14/10/1961 |
266 à 280 (15 pl.) |
Retour d’affection |
362 à 376 |
Du 21/10/1961 au 27/01/1962 |
281 à 295 (15 pl.) |
Godefroy |
377 à 391 |
Du 03/02/1962 au 12/05/1962 |
296 à 310 (15 pl.) |
Vedette de la télévision |
392 à 407 |
Du 19/05/1962 au 01/09/1962 |
311 à 326 (16 pl.) |
Pépita bébé |
408 à 423 |
Du 08/09/1962 au 22/12/1962 |
327 à 342 (16 pl.) |
Le Cheval |
424 à 436 |
Du 29/12/1962 au 23/03/1963 |
343 à 355 (13 pl.) |
Les Kidnappeurs anglais |
437 à 454 |
Du 30/03/1963 au 27/07/1963 |
356 à 373 (18 pl.) |
L’Ami d’enfance |
455 à 472 |
Du 03/08/1963 au 30/11/1963 |
374 à 391 (18 pl.) |
Les Yéyés |
473 à 487 |
Du 07/12/1963 au 14/03/1964 |
392 à 406 (15 pl.) |
Invisible ! |
488 à 506 |
Du 21/03/1964 au 25/07/1964 |
407 à 425 (19 pl.) |
Persuasion et camembert |
507 à 526 |
Du 01/08/1964 au 12/12/1964 |
426 à 445 (20 pl.) |
La Croisière |
527 à 545 |
Du 19/12/1964 au 24/04/1965 |
446 à 464 (19 pl.) |
Coco le Danois |
546 à 564 |
Du 01/05/1965 au 04/09/1965 |
465 à 483 (19 pl.) |
La Petite voiture de course |
565 à 585 |
Du 11/09/1965 au 29/01/1966 |
484 à 504 (21 pl.) |
L’Idole fâchée |
586 à 609 |
Du 05/02/1966 au 16/07/1966 |
505 à 528 (24 pl.) |
Les Voleurs de landau |
610 à 628 |
Du 23/07/1966 au 26/11/1966 |
529 à 547 (19 pl.) |
Le Douanier |
629 à 648 |
Du 03/12/1966 au 15/04/1967 |
548 à 567 (20 pl.) |
Seconde série 40 planches |
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Les Vignerons |
824 à 844 |
Du 06/10/1970 au 23/02/1971 |
71 à 91 (21 pl.) |
L’Œuf impérial (titre original) |
845 à 863 |
Du 02/03/1971 au 06/07/1971 |
92 à 110 (19 pl.) |
Si la Fée Aveline a eu l'honneur d'une reprise de ses 105 planches en album en 1999 chez Vents d'Ouest dans la collection Les Archives Goscinny, cette aventure éditoriale ne rencontra pas le succès suffisant pour s'attaquer au 374 planches des aventures du docteur Gaudéamus.
Désormais, grâce à un groupe de passionnés de Goscinny qui réussit à réunir toutes les planches, un volume intégral des 380 pages de l'ensemble des récits du docteur Gaudéamus par Coq et Goscinny est possible, intitulé "Les merveilleuses aventures du docteur Gaudéamus" !