Autre auteur qui a tendance à être un peu oublié de nos jours, mais qui contribua, principalement pour le journal Tintin, à l'histoire de la BD où son dessin réaliste sera très vite repéré et utilisé : Raymond Reding.
Comme beaucoup d'auteurs BD de cette époque des années 1950-1960, Raymond Reding a beaucoup réalisé de planches, avec des séries diverses et variées parues en magazine ou journaux. Parution principalement dans le journal Tintin, mais pas que... et comme toujours pour les auteurs de cette génération aux supports de publication variés, beaucoup d'inédits en albums.
Un (toujours) excellent numéro du fanzine Hop! lui a été consacré.
C'est en lisant et parcourant ce numéro, et selon les planches inédites que je pense pourvoir obtenir un jour ou un autre, que j'ai constitué ce billet sur Raymond Reding en trois parties.
Les références bibliographiques reprises ici sont issues de ce numéro de Hop!
1- "Le pacte de Pashutan" et "Le chinois au manteau rouille", deux récits fondateurs et inédits en album couleur parus dans le journal Tintin aux débuts des années 1950.
2- Les récits complets et historiques parus toujours dans le journal Tintin ou dans Line.
3- Une rareté, mais pas pour tout le monde ! : "Prunelle - reportages en tous genres". Une longue série, quasi inconnue car jamais reprise en album et parue dans un supplément jeunesse d'un journal belge peu conservé. Une jeune journaliste femme doit faire ses preuves dans un monde professionnel faits d'hommes...
Le Pacte de Pashutan et Le chinois au manteau rouille
Entré au journal Tintin en 1950, après quelques essais sur des illustrations et avant de lancer ce qui deviendra sa première grande série à succès Jari, la rédaction du journal lui demande d'illustrer la vie de Saint Vincent de Paul. Ce récit sera repris en album à plusieurs reprises, la dernière en 2009 augmenté de quelques courts récits historiques (nous y reviendrons).
Après cette demande de la rédaction, il est accepté Le pacte de Pashutan, une aventure de Luc Lorient, grand récit en 52 planches. Si Monsieur Vincent a connu l'honneur de l'album, ce ne fut pas le cas du pacte de Pashutan.
Dans le cadre des grandes BD oubliées de l'album, et peut-être oubliée tout court (lien de causalité ?), Le pacte de Pashutan de Raymond Reding figure malheureusement en bonne place.
Publié dans le journal Tintin entre 1952 et 1953 pour la France, entre 1951 et 1952 pour la Belgique, l'auteur fait montre de tous ses talents de dessinateur réaliste et de composition de planches, mais est resté inédit en album couleurs. Nos héros de cette aventure partent à la découverte de ce qui reste de la mystérieuse civilisation Atlante... Au menu, rebondissements, mystère, action et humour.
Un seul album à ma connaissance existe, édité en 1980 et en noir et blanc, à un tirage si faible à l'époque qu'il est quasiment impossible à trouver de nos jours.
La bédéthèque le référence aux éditions Jonas et à 276 exemplaires (c'est précis)...
J'ai en conséquence, à partir des planches parues dans le journal Tintin, constitué le seul album couleurs à ce jour du Pacte de Pashutan. J'ai également inséré les illustrations de couverture du magazine réalisées par Reding en rapport avec le récit.
Mais ce n'est pas tout. En inédit, de la même période, on trouve dans le journal un récit semi-réaliste de Raymond Reding, plus court, 21 planches, intitulé Le chinois au manteau rouille. Deux enfants, frère et sœur, se lancent dans une enquête pour en retrouver un autre enlevé.
Les deux couvertures du journal Tintin annonçant les récits en question :
"Le Chinois au manteau rouille" constitue dès lors un complément tout naturel à l'album que je présente rapidement avec le pêle-mêle suivant :
Mais l'album est consultable et vous le retrouvez plus en détails en cliquant ICI...
Récits complets réalistes et historiques
Dans les années 1950, le talent de dessinateur et d'illustrateur réaliste de Reding est bien vite identifié par la rédaction du journal Tintin qui va le solliciter pour mettre en scène des récits complets réalistes à vocation didactique comme cela était en vigueur à cette époque là où les histoires de l'Oncle Paul du grand rival Spirou appelaient d'autres récits tout aussi véridiques dans Tintin...
Ce furent les Histoires authentiques scénarisées le plus souvent par Yves Duval.
De plus, Reding se voit aussi confier assez souvent la couverture du numéro du journal contenant l'histoire authentique qu'il dessine. Ces courts récits sont restés quasiment tous inédits en album. Seuls quelques uns ont été repris avec la dernière édition de 2009 de Monsieur Vincent, le récit inaugural de cette veine réaliste, véridique et édifiante des grands hommes ou femmes de l'histoire. Grands hommes ou femmes car Reding, pour le magazine pour fille Line, œuvra également dans des courts récits.
En voici la bibliographie :
L'album de 2009 de Monsieur Vincent reprend les quatre récits complets suivants : Pasteur, L'abbé Pierre, L'homme qui vaincu la nuit, Monsieur Bertillon. Mais à part ces quatre récits, rien, absolument rien en album digne de ce nom...
En plus des récits du journal Tintin, si on y ajoute les récits complets parus dans Line et celui paru dans Risque Tout n°40 (le sifflet providentiel; 4pl) ainsi que dans Spirou n°1118 (le clandestin de la briscarde; 4pl - récit probablement destiné à Risque Tout et non publié dans ce dernier en raison de son arrêt de parution), c'est près de 48 récits représentant pas moins de 183 planches plus des couvertures qui sont inédits en album !
Voici donc de quoi réaliser deux ou trois grands et beaux volumes des récits complets de Raymond Reding...
Prunelle : reportages en tous genres
Pour le supplément jeunesse Récréation du journal belge La dernière heure, Raymond Reding, qui signe alors Ray Reding, a animé pendant 13 années de 1953 à 1966 le personnage féminin de Prunelle, journaliste en tous genres...
Ce sont 17 aventures de paginations diverses que connut Prunelle. Certes, la diversité du nombre de pages des récits (de 19 à 49 planches) montre clairement qu'une compilation en album n'était pas envisagée et n'était pas le but. Mais il y a eu tellement de reprises du patrimoine BD depuis qu'il est étonnant que rien n'existe en album...
Et maintenant place à la bibliographie de Prunelle :
Il faut noter cependant que ce supplément jeunesse, de qualité d'impression médiocre, n'a peut-être pas été autant conservé que les autres supports magazines de l'époque et a donc peut-être moins marqué les esprits.
C'est fort dommage à plusieurs titres. Outre la qualité graphique de Reding, cette publication belge n'était pas soumise à la fameuse loi française de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. Du coup, sans sortir de récits a priori conçus pour les jeunes, on note un côté un peu plus rude et moins prude que dans les aventures de la même époque du journal Tintin ou Spirou.
Deux exemples. Le premier sur la plage : bien sûr ce n'est pas "Betty Page" (le maillot reste aussi d'une pièce) mais aurait-on vu Seccotine dans les aventures de Spirou dans une telle posture ?
Le second : l'entrevue entre Prunelle et le rédacteur en chef du journal. Plutôt brusque comme rapport professionnel et d'une muflerie que l'on ne trouverait pas dans les journaux Tintin ou Spirou ?
Citons "fildefer" sur le forum "Lefranc, Alix, Jhen et les autres..." : Selon la bibliographie de Reding ce dernier a réalisé à partir du 5ème épisode de grands récits de plus de 44 planches. Il a travaillé sur Prunelle jusqu'en avril 1966, alors que Jari devait pas mal l'occuper.
Concernant Prunelle, chaque année, à partir de 1954, Reding aura produit la matière d'un album de 44 ou de 60 planches, soit l'équivalent de douze albums au total dont neuf entre 1957 et 1966 où véritablement, Reding est un des plus brillants auteurs du journal Tintin, toutes séries confondues, même s'il n'en a pas vraiment eu le statut. Avec un seul titre dans la collection du Lombard, en comparaison de Weinberg, nettement moins bon, ou de Graton, c'est vraiment peu, surtout que même dans les collections Jeune Europe ou Vedette, seule une petite fraction de son œuvre au Lombard sera reprise en album.
En combinant le travail accompli sur les séries Prunelle et Jari et les divers récits complets, on ne doit pas être loin de l'équivalent en planches réalisées de deux albums par an sur cette seule décennie (milieu des années 50 à milieu des années 60) !
Surtout qu'on ne décèle aucun relâchement dans la maîtrise et la rigueur graphiques chez l'auteur (cf le travail minutieux sur les couleurs). Même avec l'aide de son épouse pour les scénarios et les décors, on peut dire que Reding n'a pas chômé, sans bâcler pour autant."
Grâce au même passionné de Reding qui avait pu réunir des reliures du supplément jeunesse Récréation, je suis en mesure de réaliser six à sept albums des aventures de Prunelle ! Je suis donc parti sur une Collection Prunelle des six ou sept premiers récits de la bibliographie.
J'ai voulu donner un esprit graphique "série noire" à la collection. D'abord parce que le ton de la série peut paraître un peu plus rude qu'à l'accoutumé pour une bande dessinée destinée a priori aux jeunes, et parce que Ray Reding avec sa consonance anglo-saxonne, convenaient parfaitement à l'esprit polar...
Vous pouvez prendre connaissance de la Collection Prunelle en cliquant ICI...
La série Prunelle fut entrecoupée en 1954 par un récit d'aventures fantastiques se déroulant dans le Congé belge, "La Griffe de Tuganda". Le grand chasseur de fauves John Hatfield part en Afrique pour un récit épique et dynamique en 40 planches extraordinaires où guettent des fourmis géantes !
A découvrir sans tarder en cliquant LA...